Spawn Simonie

La BD Franco-Belge et la BD Américaine sont deux mondes bien différents, basés sur des principes mêmes différents. Tandis que la BD européenne est une forme d’expression artistisque, le Comics est une véritable industrie, régie par ces principes industriels. Spawn est une série symptomatique de ce mode de vie différent. Depuis sa création jusqu’aujourd’hui, Spawn est le symbole même du comics moderne. Aujourd’hui, Semic réunifie BD et Comics avec le Spawn made in France : Spawn Simonie

Commençons par un petit rappel historique… Le comics étant une industrie spéculative, on voit naturellement fleurir des couvertures gadget, des produits dérivé, etc… Dans les années 90, certains dessinateurs étaient des vraies stars, considérés par leurs fans comme des dieux vivants. C’est le cas par exemple de Jim Lee, de Marc Silvestri… et de Todd McFarlane, alors dessinateur de Spider-Man. McFarlane a beaucoup de succès, mais comme tous les artistes des majors américaines, il n’est pas intéressé aux gains. En plus, le principe de base de l’industrie des comics repose sur le fait que les artistes ne détiennent pas la propriété de leur personnages ou histoires (qui appartiennent à la compagnie). Tout cela poussera McFarlane et ses petits camarades à fonder Image Comics.

C’est dans ce contexte que nait Spawn. Ce personnage nait dans un contexte spéculatif (ce qui explique la reconversion plus tard de McFarlane vers les figurines de McFarlane Toys), en faisant donc l’archétype du Comic-Book moderne. Son succès s’explique aussi par le fait que McFarlane a su profiter de la vague Horreur-Vampires-Zombies des années 90 (cf Marilyn Manson). Pendant des années Spawn se maintient dans les meilleures ventes, même s’il faiblit ces dernières années, tout en jouant sur les produits dérivés.

Mais Voilà qu’arrive Thierry Mornet sur son fier destrier. Pour info, Thierry Mornet est le rédacteur en chef de Semic. Ce dernier entre en contact avec McFarlane pour lui proposer un projet. Car le dada de Thierry, c’est de faire des comics U.S made in France, comme à la bonne vieille époque LUG. Un premier essais concluant avait été fait avec Tellos, quand Thierry Mornet a fait travailler Crisse et Mauricet avec Todd DeZago. Ce nouvel essais se fait chez McFarlane TMP. Le big boss ne dit pas non. « Banco » dit Mornet… Il y aura un French Spawn.

C’est Alex Nikolavitch qui s’y colle. Ce dernier est un traducteur officiel de Semic, avec déjà une bonne expérience (Sam and Twitch, Torso…). En plus Alex est scénariste, que demande le peuple. il scénarise donc un script écrit par Jean-François Porcherot, l’éditeur de la série Spawn en France. Au dessin on retrouve un petit jeune talentueux (et sympathique en plus) : Aleksi Briclot. Aleksi a une formation d’illustrateur, il a réalisé de nombreuses illustrations pour des jeux de rôles, comme Nephilim, et il connait bien Semic puisqu’il a dessiné l’adaptation officielle du jeu Alone in the Dark avec Matt Haley, des nouvelles dans Fantask, des couvertures diverses pour Semic etc… Il connait bien le staff de Semic puisqu’il a travaillé avec eux à l’époque où il travaillaient encore presque tous chez Scarce. Ensemble, ils livrent un produit clefs en main à McFarlane en vue d’une publication à grande échelle aux States.

Simonie : n.f, Traffic d’objets sacrés, de biens spirituels ou de charges éclésiastiques. Voilà qu’enfin après plus de dix ans, l’Eglise catholique rentre dans la danse de Spawn (Peut-être était-ce voulu par Brian Holguin). Les Français, eux, mettent les pieds dans le plat en introduisant un cardinal Français. Oui, vous l’aurez compris, cette histoire se passe à Paris (pour une fois vue par des vrais Français)…

Spawn Simonie par Aleksi Briclot - Semic

Dans les catacombes existe un laboratoire secret, surveillé par une brigade spéciale menée par le commissaire Losfeld. Mais un jour, un raid est effectué et une relique très surveillée est volée. C’est cet évènement qui fait intervenir l’Eglise. Car cette relique est un morceau de la Tunique portée par le Christ lors de sa crucifixion. Ce morceau d’étoffe est à l’origine des costumes des Hellspawns. on comprends alors la peur de l’Eglise que cette étoffe tombe dans de mauvaises mains. Le Sapwn recent tout celà et entre alors lui aussi dans la danse.

Voici une histoire assez déroutante pour un comic-book américain, car beaucoup plus posée. Le dessin est dans un style lui aussi plus européen, un poil moins dynamique : de la pure BD franco-belge dans l’univers américain. Le dessin de Briclot, lorsqu’il n’est qu’encré, fait fortement penser aux nouvelles publiées dans Fantask, mais très bien mis en valeur par la colorisation, qu’Aleksi sait très bien utiliser pour donner une atmosphère sombre et oppréssante.

On ne peut que déplorer que cette histoire ne soit faite qu’en deux parties, car le scénariste n’a malheureusement pas eu le temps de développer les thèmes abordés ou de prendre son temps dans le déroulement des évènements finaux comme aurait pu le faire un scénariste dans une série régulière. Cette histoire aurait métité d’être en quatre parties, car tout se termine trop vite.

Simonie n’est donc pas vraiment une histoire de Spawn. Même s’il intervient, il s’agit plus d’une histoire de l’univers de Spawn. Mais cette mini-série permet de développer le background de Spawn et de remettre un peu de sérieux dans une série qui en manque cruellement en ce moment (cf B. Holguin et A. Medina)…

Posted on septembre 23, 2003 at 22:18 by Thomas · Permalink
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