Titans 5/6 : The Titans’hic
Ils n’étaient plus « Teen », plus non plus « New » ou « Team ». On avait fini de nous raconter des « Tales of », ou de faire des « Spotlight ». Depuis la fondation de « Young Justice » personne ne pouvait plus les considérer comme des « JLA Jr ». Désormais (et pour toujours pensait-on) ils ne seraient plus que « les Titans ».
Mais alors ou est que les choses ont dérapées ?
Pas au départ en tout cas : La série Titans ne pouvait techniquement pas se planter. Au départ fut « JLA/Titans » série limitée reprise en France dans Spécial DC N°5 & qui réunissait la Dream Team ultime pour les Titans : Devin Grayson & Phil Jimenez.
Elle, elle accédait enfin au scénario de la série qui lui a fait aimer les comics. Lui, il connaissait déjà les Titans, mais ne peut résister au fait de marcher, une fois de plus, dans les traces de son père spirituel: George Pérez. La mini-série représente un tour de force : utiliser dans une même série tous les Titans & Leaguers en vie, en tout plus d’une centaine de personnages différents, à peu près autant que de pages ; et avec un mini-profil sur chaque Titans, d’un jour ou de toujours.
L’histoire en elle-même permet surtout de montrer la richesse du passé de ces personnages, et de les confronter, une fois pour toutes, à la JLA ; comme pour prouver qu’ils n’ont plus rien à envier à leurs mentors.
L’histoire est basique mais assez forte. Elle a de plus le mérite de ramener Cyborg sous une forme utilisable, ce qui n’avait pas été le cas depuis des années et des années. L’épilogue, vaut à lui seul, son pesant de cacahouètes. D’abord, il rassure les lecteurs sur l’aspect graphique : Mark Buckingham sera à la hauteur de la série continue à venir. Mais surtout, il donne à Devin Grayson l’occasion de montrer ses talents de dialoguiste. En trois cases, elle expédie aux oubliettes les vues d’Argent, Flamebird, Huntress & Mirage sur Nightwing : son élue reste Starfire.
On serait tenté de dire « And the best is yet to come… En fait ce serait plutôt « Circulez, y’a plus rien à voir ! »
La composition de l’équipe avait pourtant tout pour plaire. Elle était constituée, pour moitié des cinq Titans originaux ; pour l’autre on retrouvait Cyborg & Starfire pour représenter l’aire Wolvman. Damage & Argent rappelaient les tentatives malheureuses & Jessie Quick ouvraient sur l’avenir. La seule ombre au tableau pourrait être l’absence officielle de Changeling, mais il reste très présent, et l’on sent bien que derrière lui, se profile un retour des Titans West.
La série « The Titans » ne sera clairement pas capable de répondre à nos attentes. Devin Grayson s’est fait avoir comme une bleue. D’abord, elle a été incapable de faire des intrigues amoureuses qui prennent. Le retour de Starfire devait permettre de renouer sa love-story avec Nightwing. Malheuresement, dans sa série solo, celui-ci a déjà de multiples intérêts amoureux & Chuck Dixon ne veut pas s’encombrer de Starfire. Il préfère explorer la relation de Dick avec Oracle, relation que Devin Grayson avait elle-même fait resurgir des limbes de l’oubli dans Nightwing Annual 1.
La relation d’Arsenal et Troïa aurait pu être crédible si ces deux personnages ne partageaient pas déjà un rapport presque fraternel. La seule relation qui aurait pu fonctionner, est celle d’Argent & Damage ; mais là, se pose un autre problème : Comment réussir à animer une équipe qui contient 10½ membres ?
La situation devient encore plus problématique pour Jessie Quick qui en plus fait complètement doublon vis à vis de Flash, personnage lui-même rendu difficile à manier à cause de la saga du Dark Flash de Mark Waid en cours à la même époque. Aucun personnage n’a vraiment été approfondi sur toute cette période.
Au final, de cette quinzaine d’épisode on ne gardera pas grand chose, sinon les cacas nerveux de Nightwing quant il fait son petit Batman tyrannique. C’est très rafraîchissant mais pas transcendant.
C’est ensuite Jay Faerber, poulain de Devin Grayson, qui reprennent la série avec le dessinateur Paul Pelletier. Dans un premier temps les deux amis co-écriront la série sur quatre épisodes dessinés par Tom DeKraeker. Faerber veut diminuer le nombre de personnage pour mieux se concentrer sur ceux restant on assiste donc aux départs de Starfire, Damage Cyborg & Flash.
Cet élagage aura l’effet voulu & les personnages restants gagneront en profondeur. Il reviendra d’abord sur Cheshire en mettant en scène sont procès pour la destruction du Qurak près de 10 ans plutôt dans les pages De Deathstroke C’est l’occasion de revenir sur Arsenal & Chanda la baby-sitter Qurakienne de leur fille.
Toujours plus fort, Jay Faerber décide de concurrencer Marv Wolvman. Nous avions eu le droit à « Who is Wonder Girl ? » & « Who is Donna Troy ? », cette fois-ci sera « Who is Troïa ? ». Il livre un arc assez bien vu reposant à la fois sur le travail de John Byrne sur le personnage de Donna Troy dans Wonder Woman</a> & sur celui de Mark Waid & Alex Ross dans Kingdom Come.
Dark Angel traverse l’hypertime pour annihiler toute trace de l’existence de Donna. Les Titans de Kingdom Come, en fait les enfants pour l’en empêcher. Faerber ne se privera pas au passage de faire un pied de nez à Waid & Morrison en faisant allusion à la réticence qu’à DC à laisser utiliser ou même utiliser ce concept…
Est que Jay Faerber est le nouveau messie des Titans ? Pas vraiment : Devin Grayson avait fait un faux départ ; lui, sera pris d’une crampe à la sortie de la première ligne droite…
Le premier arc en deux parties proposé par Faerber “The Gaea Hypothesis »à DC ne dépassera pas finalement pas le stade du proposal. Il devait montrer Troïa & Tempest mener une armée mi-atlante mi-amazones. Il devait aussi servir de subplots au procès Cheshire qui dans cette configuration aurait culminé au 25. Le numéro 26 aurait confronté les Titans à Amazo & au professeur Ivo
Dans la suite, Faerber prévoyait entre autres, l’introduction des 1 000 un cartel de riches businessmen inspirés entre autres de Bill Gates & Steve Forbes. Un one-shot Titans/Young Justice co-écrit par Bryan K Vaughan devait, ramener Dr Light & de nouveaux Fearsome Five. Les Titans auraient découvert qu’Argent étaient battue par son petit ami, Vic Stone devait revenir comme Agent du DEO & l’équipe aurait du mener l’enquête sur le meurtre de Lauren Jupiter.
De tous ces projets de Faerber ne ressortiront que l’introduction d’un nouveau membre. Pendant l’année qui va suivre Who is Troïa ? » Faerber va se traîner sur l’histoire d’Epsilon & d’une bande de d’orphelins à super-pouvoirs qui ont fugué du DEO.
En fait le problème vient du changement d’éditeur. Quand Andy Helfer a remplacé Eddie Berganza. Faerber & Berganza, tous deux fans des Titans, s’entendait parfaitement & mais la collaboration avec Helfer était bien plus difficile.
A partir du numéro 37 Faerber est rejoint par un nouveau dessinateur Barry Kitson. La participation de celui-ci ne se limitera malheureusement pas au dessin. Faerber & lui cohabiteront 5 mois. Le temps pour le scénariste de conclure ses plots & de quitter la série, passablement dégoûté.
L’année de Kitson sera la pire que la série n’a jamais vécue. A coté de ça, la fin de Wolvman est du comicbook d’auteur. C’est une catastrophe totale d’une cupidité affligeante… plus Faerber s’efface plus la série perd son identité pour sombrer dans un n’importe quoi qui n’utilise pas les ressources de la série.
Il s’enchaîne une série de plots passablement intéressant qui aboutissent à un sac de nœuds incompréhensible. Ce qui commence comme une enquête discrète sur une drogue mystérieuse, abouti rapidement à l’exploration d’un monde transdimensionnel tenu par un tyran grâce à la dite drogue. L’histoire bascule quand on nous sort d’un chapeau, le dernier citoyen libre venu chercher de l’aide de rigueur. Quand je dis sorti d’un chapeau c’est au sens propre : on nous apprend qu’il était prisonnier dans le cerveau de Nikki, la gamine fugitive autiste du DEO ; comme si tout ça n’était pas déjà surréaliste.
La série est calamiteuse et tout le monde en est conscient ; alors on tente de rajouter des membres mais Dolphin, Lilith, Damage & Starfire n’empêcheront pas le naufrage. Faute de savoir piocher dans l’histoire des Titans on pioche dans le cinéma.
La référence au film « Signes » pourrait être drôle si elle n’était pas pathétique. Des extraterrestres (encore) veulent contrôler le monde en diffusant des ondes à travers les ondes télé & radio. Le seul moyen pour les Titans d’échapper à leur contrôle et de se mettre du papier aluminium sur la tête.
Ce plaidoyer pour l’euthanasie comicstique est sans appel. Même un fan des Titans comme moi ne peut en supporter d’avantage ; et pourtant, mes collègues ici présents peuvent en témoigner, de ma très haute endurance face à des séries d’une qualité parfois exécrable.
The Titans est donc la série de tous les échecs. Même si encore une fois les 25 premiers numéros sont d’une lecture assez plaisante c’est probablement la série dint il ne restera rien dans l’histoire des Titans.