Legion of Super-Heroes 2/3 : L’après-Zero Hour

Alain vous le disait très justement la semaine dernière, l’histoire de la publication de la légion fut plus que chaotique. Contrairement à beaucoup de titres, Crisis n’a pas simplifié grand chose pour cette série, au contraire même. L’aspect futuriste de la série obligeait les auteurs à la plus grande prudence dans les utilisations d’éléments relatifs au XXème siècle, tant il était difficile de savoir à l’époque ce qui s’était ou non passé… C’est peut-être pour ça que Keith Giffen plongera les personnages quelques années dans leur futur ; histoire de faire une rupture avec ce qui précédait. La série qui s’en est suivit était exigeante et d’une qualité indéniable. La fraîcheur & l’optimisme se prouveront pourtant être indispensables à la légion. La série Legionnaires essayera de ménager la chèvre et le chou en faisant cohabiter des adolescents fougueux avec les adultes désabusés créés par Giffen. Il s’agit en fait de clones des membres de la série principale tels qu’ils étaient au lancement de la série

Zero Hour devant simplifier l’univers DC, il semblait difficile de faire se côtoyer ces deux versions de l’équipe, il a donc fallu trancher. Le public étant pour cette fraîcheur retrouvé, c’est le titre Legionnaires qui servira de base à la recréation de la série. Les deux Séries Légionnaires & Legion of Super-Heroes vont cohabiter pendant plus de 5 ans dans un crossover perpétuel. Cela signifie que derrière les deux titres se cache en fait un bimensuel avec deux équipes en alternance. Les deux N°0 seront le point de départ d’une toute nouvelle continuité. Tout le pari pour les auteurs, sera de faire de ce titre une série qui reprennent toutes les grandes lignes et les personnages classiques, sans pour autant donner un goût de déjà vu…

Ce sont Mark Waid & Tom Peyer qui seront chargés de cette refondation. Toute la difficulté du démarrage de ce titre sera de remettre en place les éléments principaux sans griller les étapes. Impossible pour eux de passer sur la rencontre de trois membres fondateurs ; mais à quoi ressemblerait une Kid Quantum IILégion de trois membres ? Cette rencontre ne servira en fait que d’impulsion de départ. L’équipe qui fera son baptême du feu au troisième épisode comptera finalement déjà onze membres. Autre élément important de la série le mémorial pour les légionnaires tombés au combat doit être présent. On peut pourtant difficilement tuer un personnage connu avant de l’utiliser ; on créera donc un personnage pour l’occasion : Kid Quantum. Le personnage fera les frais de sa fougue et de son excès de confiance lors de la première mission de l’équipe avant même qu’elle n’ai eu le temps d’être au complet.

Le casting de la série restera toujours très fluctuant. Les membres sont nombreux et ne participent pas à toutes les missions pourtant aucun ne semblera vraiment oublié. Ce qui est frappant dans cette série, c’est la caractérisation assez forte des personnages ; alors qu’ils sont pourtant plusieurs dizaines. Un personnage comme Gates, sorte d’insecte géant, par exemple peut paraître assez inutilisable. Pourtant il s’avère un des rares personnages à disposer d’une vraie conscience politique, là où tout le XXXème siècle semble avoir oublié les débats d’idées. Les réactions de cet anarcho-communiste semblent à la fois dépassées et plus pertinentes qu’aujourd’hui.

Bon nombre des anciens membres sont redevenus Legionnaires, mais d’autre on était réutilisé de manière très différente. Par exemple en étant intégré au personnel du QG, c’est ainsi que Matter-eater Lad (qui peut manger n’importe quoi) est devenu le cuisinier & Ballon Boy (qui se gonfle et rebondit partout) s’occupe de l’entretien & des réparations. Celui-ci ne formera jamais un couple avec Triad. D’ailleurs bon nombre des anciens couples ne se reformeront pas. Saturn Girl & Live Wire ne vivront leur amour qu’au bout de quelques années & Karaté Kid ne courtisera jamais Princess Projectera. Il faut dire que dans la nouvelle continuité Projectra est un serpent géant nommé Sensor. Affin de présenter au plus vite un nombre important de personnages Il sera créé une équipe concurrente à la légion la Work Force (allusion pas du tout dissimulée à la Force Works de Marvel). Ultraboy & Karate Kid y appartiendront longuement avant de rejoindre la légion. Live Wire y fera également un séjour après avoir perdu son bras droit laissant au personnage de Spark, sa sœur jumelle l’occasion de faire son entrée.

Contrairement à ce qui se passe généralement dans un relaunch, la série se joue de la comparaison avec les anciennes incarnations de l’équipe. Contrairement à Crisis, Zero Hour n’a rien invalidé de ce qui s‘était passé avant ; les héros du XXème siècle ont donc bien rencontré la précédente incarnation de l’équipe. Cela pose d’ailleurs problème à plusieurs reprise, quand Superman s’entête à vouloir appeler Live Wire, Lightning Lad. L’effet de surprise des relaunchs présente pourtant toujours le même problème pour les éditeurs : la nouveauté ne va qu’un temps. Deux ans après le redémarrage des séries il faudra faire quelque chose pour relancer la machine. Pendant près d’un an et demi la moitié de l’équipe sera piégée au XXème siècle et c’est à renfort de crossover que la série sera relancée provisoirement.

Pendant des années la série souffrira de sa principale qualité : sa constance. La série n’a jamais souffert de l’alternance de ces équipes artistiques. Tom Peyer avec Mark Waid ou ensuite avec Roger Stern a toujours proposé des scénarios bien construits et intéressant. Au dessin, Jeff Moy & Lee Moder ont des dessins si proche que l’on les confond. La série n’a connu aucun passage à vide sur toute cette période qui a durée pourtant 5 ans, malheureusement elle n’a aussi connu aucun sommet. C’est d’une lecture plus qu’honnête mais cela n’avait aucun argument pour attirer de nouveaux lecteurs. Il n’y a guère qu’après le retour de l’équipe du XXème siècle, que l’on tente d’introduire des dessinateurs sortant de la masse comme Todd Nauck ; qui dessine aujourd’hui Young Justice. Malheureusement ce sont les scénarios qui n’arrivent plus à rebondir. Les scénaristes essayent les recettes qui ont marché sur les trois premières années par exemple en réintroduisant le personnage d’Invisible Kid II mais l’entrain n’y est plus.

C’est sans grande surprise que l’on voie à ce moment là le casting d’auteurs se renouveler totalement. DC veut donner à la Légion un véritable statut de Casque Bleus du prochain millénaire. Le risque de se couper à nouveau de ce qui fait la légion est pourtant bien présent. Mais rassurer vous comme je vous le montrerais la semaine prochaine Abnett & Lanning ont pris la mesure des erreurs de Keith Giffen.

Posted on août 13, 2003 at 20:32 by Tony LETROUVÉ · Permalink
In: DC