Elektra Assassin
Jennifer Garner est Elektra. Ah ah . Non, pas vraiment. La sortie du film est l’occasion de faire le point sur l’ouvrage de référence lorsqu’il s’agit d’Elektra : Elektra Assassin, traduit en français chez Delcourt sous le titre original de Elektra (mais où vont-ils chercher tout ça ? )
Elektra Natchios est plus qu’une bimbo gonflée au collagène. Enfant, elle était la fille d’un diplomate grec. Une enfant aimée et gâtée par son cher papa, traumatisé par la perte de sa femme assassinée par balle lors d’une croisière en yacht. A douze ans, elle possède tout, elle a tout essayé, et rien ne la passionne vraiment. A part les arts martiaux. Discipline, volonté et dépassement de soi, voilà des valeurs qui plaisent à la jeune Elektra. Et comme toujours, elle excelle dans tous les domaines, ce qui remplit son père de fierté. Il ne lui reste bientôt plus rien à apprendre, plus de maître d’arme assez sage et habile pour lui apprendre quoi que ce soit. A part peut-être un étrange clan d’ermites qui vivent dans la montagne et portent des noms étranges : l’étoile, la flèche, la flamme, la griffe, l’aile, la pierre et le bâton. Ces maîtres, les plus durs et les plus sévères, feront d’Elektra un guerrière dure comme la pierre et tranchante comme le rasoir.
Tel Obiwan Kenobi, Stick (le bâton) dira par la suite que former Elektra fut sa plus grosse erreur. Car Elektra est certes une combattante formidable, elle n’est pas pour autant un exemple de stabilité émotionnelle et psychologique, comme pourra en témoigner Matt Murdock des années plus tard. C’est d’ailleurs dans un asile psychiatrique qu’elle débute l’album, un asile d’où elle s’échappe en trucidant allègrement ses geôliers. Cette faiblesse psychologique fait d’elle une proie de choix pour la secte de la Main.
Cette secte de ninjas vénère la Bête, une créature chaotique dont la venue finale annoncera la fin de l’humanité. Elektra est enrôlée dans cette secte qui lui fait boire le Lait de la Bête, un puissant psychotrope qui décuple ses capacités déjà au-dessus de la normale, et est envoyée pour assassiner des leaders politiques. La Bête monte en effet un plan pour contrôler et utiliser les armes atomiques mondiales.
Le seul recours contre Elektra : le S.H.I.E.L.D. L’organisation de contre-espionnage envoie ses meilleurs unités affronter la tueuse. Mais seul un agent peut l’approcher assez près dans sa folie destructrice : l’agent Garret, cyborg au look de biker et fruit de recherches obscures des laboratoires secrets du Shield. Seul problème : Garret tombe sous le charme d’Elektra et se laisse emporter dans ses délires de complot atomique.
Ecrit par Frank Miller, père spirituel de la tueuse au foulard rouge, et dessiné par Bill Sienkiewicz, la série Elektra Assassin est parue chez Marvel dans la ligne Epic, une ligne pour lecteurs avertis des années 80, l’équivalent de Vertigo chez DC avant l’heure. Cela à permis aux auteurs de se lâcher complètement et de se montrer créatifs au delà des limites imposées par le genre. Miller (Sin City, Daredevil, Robocop) se libère de la continuité pour y raconter ce qu’il veut, et Sienkiewicz (New Mutants, Voodoo Child) explose littéralement. Elektra Assassin est d’ailleurs une référence, non seulement pour le personnage d’Elektra, mais aussi dans la narration graphique où Sienkiewicz innove grâce à l’utilisation de techniques très variées (crayon, aquarelle et collages), ouvrant le bal pour de nombreux artistes après lui. Son style chaotique dépeint à merveille l’univers mental torturé de la brune mortelle et la folie qui se déverse là où elle passe : explosions diverses, hallucinations et souvenirs diffus.
L’album paru chez Delcourt dans la collection Contrebande reprend l’ensemble de l’histoire en 12 parties, soit 260 pages de bonheur graphique intense. D’un prix d’environ 30 euros, cet album est un indispensable dans la bibliothèque de tout fan qui se respecte. C’est gros, c’est beau, c’est bien.