Small Gods

A priori rien ne prédestinait Aleph à vous parler de Small Gods ce soir ; la série n’entre dans aucune thématique en cours et aucune sortie française n’est annoncée. Reste que cette série est un OVNI dont les qualités sont certaines mais dont l’avenir l’est nettement moins avec quelques 3200 acheteurs… Si jamais la série venait à s’arrêter prochainement, vous ne pourrez pas dire que nous vous avons laissé passer à coté de ce chef d’œuvre en péril.

Après une décennie de scepticisme & d’incrédulité, la communauté scientifique a finalement accepté en 1991 de reconnaître l’existence de capacités psychiques : télépathie, empathie, télékinésie, précognition… Trois mois après cette reconnaissance le congrès américain assimila l’utilisation de télépathie & d’empathie comme une invasion de la vie privée. La constitution américaine empêche d’interdire l’utilisation de tels pouvoirs ; mais les personnes possédant ces dons doivent s’enregistrer au près des autorités locales. On les encourage vivement à s’orienter vers l’armée ou les services secrets mais il leur est interdit de rentrer dans les forces de l’ordre : L’utilisation de leurs pouvoirs devenant alors une violation des droits civils. Aujourd’hui, les études estiment que 1% de la population mondiale présente de telles aptitudes. On classe les « psychiques » en fonction, de leur degrés de pouvoirs sur une échelle allant de 1 à 9. seuls 33% d’entre sont d’un niveau 5 ou supérieur…

C’est de cette façon, qu’Owen Young nous présente son quotidien. C’est un policier d’un genre à part. Son pouvoir de précognition lui permet d’anticiper les crimes à venir. S’il arrive à éviter le pire : aucune charge ne pourra être retenue : même pas la préméditation. Le pouvoir d’Owen étant seulement de classe 3, il a rarement l’opportunité d’empêcher les dramesde se produire… Aujourd’hui encore, il a été le témoin d’un meurtre à venir ; mais le temps qu’il retrouve le lieu de sa vision, il arrive pour arrêter le coupable au-dessus du corps de sa victime. Quand il rentre chez lui, il croise sa fiancée infirmière qui repart travaillé après l’avoir attendue en vain toute la soirée. Dans la nuit, il est pris d’un nouveau flash concernant un braquage de banque 48 heures plus tard mais cette fois-ci il a reconnu le lieu & le fichier de la police lui permettra d’identifier le coupable…

L’opération aurait du être un jeu d’enfant à un détail près : L’un des gangsters est un télépathe, et quand celui-ci tente de contrôler Owen, ce dernier réagit instinctivement révélant ce qu’il a toujours tenté de cacher et de refouler : des capacités télépathiques… A partir de là tout s’enchaîne, une telle dissimulation peut coûter très cher à un flic. Sa fiancée ne supportera pas d’apprendre la vérité mais Owen trouvera un soutient providentiel de la part de ses collègues. Ces derniers ne sont en effet pas prêts à laisser une petite frappe détruire la carrière de l’un des leurs… L’enjeu de ce premier arc baptisé « Killing Grin » est donc d’empêcher ce témoin de faire tomber Owen pour se protéger…

Small Gods

Small Gods ne se résume pas à l’histoire d’Owen Young. Nos petits dieux sont nombreux & Owen n’est que l’un d’entre eux, la série s’oriente vers un format anthologique présentant des personnages différents, mais attachants. En plus de l’épisode de 22 pages, chaque numéro présente une back-up de 4 pages présentant d’autres histoires. Enfin les couvertures arrières sont de fausses pubs pour un plombier, du parfum ou un show télé : mais toujours liée à l’importance des psys dans ce monde. Le N°5 inaugure un nouvel arc en 5 parties sur un nouveau personnage : Robert Pope. Lui a pris conscience de l’importance de son pouvoir de précognition & du plus que celui-ci représente, que ce soit pour jouer au poker ou pour anticiper les mouvements de l’adversaire lors de combats au corps à corps.

Ce qui est d’emblée frappant dans Small Gods est sa très grande lisibilité. Il est en effet très rare qu’une série en noir et blanc, aux textes conséquents, et aux dessins aussi fouillés soit d’une lecture aussi aisée. Le scénariste Jason Rand dote en effet la série d’une narration abondante mais jamais verbeuse, le contexte est d’emblée parfaitement posée et sans lourdeur. Les 22 pages du premier épisode lui suffisent à poser l’intrigue et à nous résumer les 10 années qui ont amené à la reconnaissance des psys & du problème politique qui l’a accompagnée. De son coté le dessinateur Juan E Ferreyra s’en sort parfaitement avec un dessin classique mais efficace rehaussé par des niveaux de gris très nuancés. On retrouve selon les moments des influences allant de John Bolton à George Pérez en passant par des inspirations venant de l’animation japonaise notamment dans les visages féminins.

Small Gods est donc un nouvel exemple de renouveau qualitatif de la production de Image Comics, inauguré voici quelques années, par Jim Valentino. Je vous invite donc à vous jeter sur le TPB qui sortira le 19 janvier et qui devrait contenir en plus des quatre premiers numéros des bonus inédits : C’est un achat que vous ne regretterez pas.

Posted on mars 13, 2005 at 20:40 by Tony LETROUVÉ · Permalink
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