Lara Croft est TOMB RAIDER
Comment ai-je pu m’en retrouver là, moi, à chroniquer le comicbook de Tomb Raider ? Déjà que personne ne voulait accompagner Johan pour voir le film, imaginez l’enthousiasme de mes collègues, à l’idée de faire un sujet sur l’adaptation en BD produite par Top Cow. C’est donc par amitié pour Johan, et par ce que j’ai eu l’occasion de tous les trouver d’occasion (avouons-le) ; que je suis mis à lire cette série ce week-end.
D’une certaine manière cette série m’a surpris : elle n’a pas tous les défauts que je m’attendais à y trouver : elle en a d’autres. En effet Tomb Raider échappe à certain poncif des titres Top Cow. Certes on ne nous épargne pas les tenues affriolantes mais un tantinet vulgaire comme ces jeans moulant aux genoux déchirés ; mais on ne nous y replace pas tous ces personnages secondaires, qui se bouscule, et qui se ressemble tellement que l’on n’arrive pas à les identifier. Dan Jurgens & Andy Park nous donnent une série techniquement bien faite, un exercice de style poussé à l’extrême. Du classique très classique : trop classique même.
A la lecture de cette série, on se dit inévitablement que le cahier des charges imposé par Eidos à Top Cow devait être archi strict. La structure narrative est assez fluide et efficace, mais ne bouge pas d’un iota d’un épisode à l’autre. Tous les arcs reposent sur la découverte l’existence d’un objet supposé être légendaire mais dont notre bimbo au nombril à l’air connaît évidemment tout sur le bout des doigts. Seule fausse note de la part du scénariste : la trahison d’un personnage qui est en contradiction complète avec ce qu’il dit plutôt quand il est utilisé comme narrateur.
La réutilisation permanente de tout ce qui s’est fait par ailleurs confine au ridicule. On comprend vite qu’aucune apparition de personnage n’est gratuite et que si l’on nous montre un perso en coup de vent c’est pour qu’il s’avère être un traître 10 pages plus loin. Quand un des personnages principaux disparaît d’une scène, on se doute qu’il va réapparaître très vite pour secourir la belle. Cette structure immuable rend rapidement la série lassante.
Chaque coupure se termine sur un cliffhanger ou Barbie archéologue est en danger de mort. A chaque fois, l’action reprend sur une page, qui après la présentation rapide des perso sous forme de médaillon ; reprend tout ce qui s’est passé dans les épisodes précédents. Il lui suffit ensuite de la page deux pour se sortir de ce mauvais pas et de la page trois pour retourner la situation à son avantage. Enfin comment mieux finir un arc qu’avec une morale à deux balles en guise d’épilogue.
Jurgens aurait pourtant pu essayer d’imposer de la personnalité à ce titre ; après tout, la personnalité de Loana Croft n’a jamais été développée auparavant. Des les premiers épisodes on comprend l’ampleur du manque d’inspiration dont est victime le scénariste. Ca pourrait s’appeler : « et si Catwoman avait été la fille des Wayne » ; une fille à papa orpheline qui dilapide son fric pour aller voler un collier à l’autre bout du monde. Elle traîne avec elle, son majordome, véritable couteau suisse multi-usages, qui lui sauve la mise régulièrement.
Visuellement ce n’est pas mauvais, Andy Park est meilleur gribouilleur qu’un Michael Turner ou un Keu Cha ; mais on sent bien que le code visuel imposé par les producteurs du jeu, le limite grandement. Quand 20 mecs lui tirent dessus ; la gourde fait des sauts en l’air, se déroulant ainsi dans des positions lascives tout en tirant à deux mains mais ne pense jamais à se mettre à couvert.
Il ne lui vient pas un moment à l’esprit qu’elle se conduit comme un pigeon d’argile en plein ball-trap et qu’en plus elle gaspille inutilement les munitions de ses 9 mm.
Le look est aussi un problème. Le short au ras des fesses et la brassière étriquée je veux bien ; mais pour passer inaperçu en Iran on fait mieux, et pour visiter le Népal elle aurait pu trouver plus chaud. Dans le même ordre, d’idée la natte qui descend aux genoux c’est bien joli quand elle remue ; mais les cheveux détachés au repos c’est ridicule et ses cheveux n’arrivent alors pas plus bas que la poitrine.
Vous l’aurez deviné, il n’y a pas de quoi tomber raid devant cette série. C’est simplement un gros produit marketing convenablement réalisé avec toutes les contraintes que cela représente par Dan Jurgens, mais sans aucune inspiration de sa part. C’est de toute façon ce qu’on lui demandait un produit prémaché pour les générations d’ado illettrés gavés de jeux vidéos et incapable de déchiffré un scénario un temps soit peu élaboré. Tomb Raider encore plus que le reste de la production Top Cow n’est pas destiné à des amateurs de bande dessinée il faut donc le prendre comme ce que c’est : un stimulant hormonal pour jouvenceau pré-pubert.
Si je n’ai pas réussi à vous écœurer ou si vous voulez essayer de rééduquer votre petit frère, dans l’espoir fou de déclencher en lui un début de curiosité culturel ; vous pouvez retrouver la série en kiosque chez Semic (5 numéros et un hors séries parus) ainsi que dans deux hors séries qu’elle partage avec une autre ravissante idiote à forte poitrine de Top Cow à savoir Witchblade.
La série est aussi reprise en librairie chez Edition USA.