John Buscema

Lorsqu’on évoque le passé glorieux de la Marvel, on pense évidemment tout de suite à Jack Kirby. Dessinateur de génie, il a tout inventé ou presque. Il a marqué de son empreinte graphique tout l’univers Marvel. Mais si Kirby a tout crée, il est bien un artiste qui s’est chargé de donner corps et volume à toutes ces inventions. Succédant souvent au King, John Buscema a dessiné les aventures des Quatre Fantastiques, des Vengeurs, de Hulk, de Thor, du Surfer d’Argent et bien d’autres encore. Et surtout, il a fait de Conan le Barbare, un personnage incontournable de la pop culture.

Et bien sûr on commence par la date de naissance…

Man Comics #1 (Déc. 1949). Première couverutre créditée à John Buscema

Giovanni Natale Buscema -alias John Buscema- est né le 11 janvier 1927 dans le quartier de Brooklyn à New York. Bien qu’il y est fait l’essentiel de sa carrière, Buscema n’était pas un fan de comics. C’est à peine s’il se souvient de sa première Bd. Une aventure de Superman lu vers l’age de 12 ans. Ce qui interese le jeune John, c’est l’art avec un grand A. Il se destine en effet à être peintre. Il suit pour cela les cours de prestigieuses écoles d’art de New York (High School of Music and Art de Manhattan et Pratt Institute) et écume les musées afin d’y étudier les grands classiques. Son inspiration principale est alors les grands illustrateurs américains façon Norman Rockwell. Mais il faut bien vivre une fois passé son diplôme. En 1948, il répond à une petite annonce de la compagnie Timely qui deviendra bien plus tard Marvel. Sous la houlette du jeune Stan Lee, Buscema illustrera de nombreuses histoires courtes centrées sur ce qui marchait essentiellement à l’époque, le western et le polar. Dans l’immédiat après-guerre, en effet, on ne s’interesse plus trop aux récits de super-héros. Timely est alors une petite compagnie qui a connu son heure de gloire grâce à des personnages comme Human Torch ou Captain America, mais qui peine à retrouver un second souffle suite au départ du co-créateur de ce dernier, Jack Kirby. Comme le dira Buscema lui-même, son seul lien à cette époque avec Kirby, ce sont quelques planches affichés sur les murs du studio Timely. Le jeune artiste se réclame lui plutôt des classiques des comic strips, ces bandes qu’on retrouve chaque jour dans les journaux. Il cite alors volontiers le travail d’Alex Raymond sur Flash Gordon ou de Burne Hogarth sur Tarzan. Son passage chez Timely sera pourtant relativement court. Un an et demi plus tard, le marché des comics est tellement sinistré que Timely dissout son studio. Dorénavant, chaque artiste travaillera pour son propre compte. Pendant 8 ans, Buscema écumera ainsi tous les éditeurs à la recherche de travail. C’est ainsi qu’il illustrera notamment le western Roy Rogers pour le compte de Gold Key. Lassé par cette vie précaire, il entrera finalement dans le monde de la publicité. Un travail prenant, mais bien mieux payé et plus sûr.

Retour gagnant à Marvel

Silver Surfer 4 (Juil. 1969). Thor et le Surfer dArgent, deux personnages représentatifs des travaux de Buscema dans les années 60-70.

Huit autres années plus tard, la donne avait bien changée. Buscema avait laissé un marché des comics encore souffrant où quelques super-héros refaisait timidement leur apparition. En 1966, Marvel explose grâce à tous les héros créé dans la lancée des Quatres Fantastiques. Les magazines se multiplient et pour les alimenter, il faut de nouveaux dessinateurs. Stan Lee contacte donc Buscema qui accepte de reprendre du service. D’abord sur du Nick Fury, puis en reprenant la série Avengers. Son trait classique et réaliste parvient à fusionner avec la puissance et l’énergie du style Kirby que Stan Lee demande de copier. Il fera sensation sur cette série et sur beaucoup d’autres. Hulk, Submariner, Captain Marvel, Warlock, Spider-Man, tous ont vu, à un moment ou un autre leurs aventures croquées par l’artiste. Lorsque Kirby quitte Marvel en 1970, c’est tout naturellement à lui que l’on demande de le remplacer sur le titre phare de la maison, les Quatre Fantastiques. C’est à lui aussi que l’on confiera la série consacré au Surfer d’Argent. Il en signera 17 épisodes sur 18 qui sont considérés parmi les plus beaux de sa carrière. Il en profitera pour placer son jeune frère Sal chez Marvel. Demarrant comme simple encreur, il fera une prolifique carrière de dessinateur. Mais si John fait les beaux jours de Marvel, il avoue y prendre peu de plaisir. Les super-héros l’ennuient. Des héros classiques de la Marvel, seul Thor trouve grâce à ses yeux. Il peut en effet laisser libre cours à son imagination lorsqu’il s’agit de dépeindre les splendeurs du séjour des Dieux, Asgard. Ces décors d’Heroic fantasy seront une parfaite mise en jambe pour la suite.

Buscema et Conan

En cette decennie 70, Marvel cherche à diversifier sa production. Roy Thomas, grand fan des écrits de

Conan the Barbarian #44 (Nov.1974)

Conan the Barbarian #44 (Nov.1974)

Robert E. Howard, souhaite en faire une adaptation BD. Son premier choix se porte sur Buscema. Mais l’artiste est devenue une star maison et son tarif à la page bien au-dessus de la moyenne. Peu confiant dans le succés du projet, l’éditeur ne veut pas prendre trop de risque. C’est un jeune dessinateur anglais, moins cher, Barry Smith, qui sera choisi. Smith réalisera des épisodes mémorables qui feront de Conan une réussite à tout point de vue. Rassuré, l’éditeur peut confier les rênes graphiques à Buscema après le départ de Smith. Buscema y sera comme un poisson dans l’eau, au point de s’attacher à la série pendant une dizaine d’années. A contrario de Smith, il y dépeindra un Conan massif, musculeux, farouche. Sa vision du personnage s’imposera rapidement et c’est celle qui servira de base au film de John Milius avec Arnold Schwarzenegger. Surtout, Conan lui permettra de s’adonner au Noir et Blanc, qui reste sa technique favorite. Il y démontre tout son art du dessin, de l’anatomie aux architectures. Des compétences qui lui permettra également de dessiner une autre icône de la pop culture, Tarzan. Comme un hommage à Burne Hogarth. Sa formation classique lui permet, en plus, de s’improviser professeur au cours de séminaires. Ceux-ci ont de tels succès qu’ils poussent Stan Lee à faire paraître un manuel d’apprentissage: « How to Draw Comics in the Marvel Way »

Posted on novembre 11, 2008 at 16:33 by Alain2 · Permalink
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