Thor : Ragnarok
Depuis les origines de l’univers Marvel créé en 1962 par Stan Lee et Jack Kirby, Asgard a eu un rôle important dans les affaires humaines. Après tout, c’est grâce à Loki que les Vengeurs se sont formés. Au cours des années, Thor a sauvé la situation à de nombreuses occasions, à grands coups de marteau magique. Le dieu Thor, le plus puissant des Vengeurs. Mais avant d’être un Vengeur, Thor est surtout un dieu. Certes, il possède une part d’humanité grâce aux fusions qu’il a subit avec des hôtes humains, mais sa part divine vient toujours le fourrer dans des situations impossible. L’enchanteresse, Loki, Surtur, Hela, tous ces dieux d’Asgard ont combattu le dieu du tonnerre à de maintes reprise, évitant de peu à chaque fois Ragnarok, le crépuscule des dieux.
Et Ragnarok dans l’histoire Marvel, c’est commun comme le lundi de Pentecôte : on nous le ressort régulièrement, on essaie de nous convaincre, mais rien n’y fait. C’est vrai que vu la quantité de fois que le crépuscule des ases a failli arriver, une mention « Ragnarok » sur la couverture finit par ne provoquer que l’ennui chez le lecteur. Et pourtant, et pourtant… La fin du volume 2 de Thor est un chef d’œuvre qui enterre définitivement l’agonie des dieux.
Dan Jurgens, aux commandes du second volume depuis le premier numéro, quitte le navire au bout de 79 épisodes. Le bilan est assez contrasté, puisqu’il a été à la fois décrié par les fans et la critique sur les deux premiers tiers de son expéience (ceux avec Tarène, les Dark Gods et Thanos), et applaudit pour son apothéose finale. Il laisse alors la place au numéro 80 à Michael Avon Oeming, qui a la lourde tâche de terminer la série en six épisodes.
Michael Avon Oeming, vous le connaissez si vous êtes un fidèle auditeur d’Aleph. C’est le dessinateur de Powers, la série policière de Brian Bendis. Il est aussi un connaisseur reconnu de la mythologie nordique, et auteur chez Image de la série Hammer of Gods. Dans cette série, qu’il écrit et dessine, il met en scène les aventures d’un jeune Viking, Madi, qui décide de se venger des dieux cruels d’Asgard. C’est cette expérience applaudie par les amateurs de mythes Vikings qui lui a valu d’entrer, non pas au Valhalla, mais sur la série The Mighty Thor. Il n’en est que le scenariste, et le dessin est confié à Andrea Divito. Ce paradis sera de courte durée, puisqu’il prévu que la série s’arrête. Oeming est là pour mettre les tabourets sur les tables et eteindre les lumières. Cet arrêt programmé de la série est dû au crossover Avengers Disassembled. Ce crossover est l’occasion de faire un grand coup de ménage dans les séries Marvel, et de tuer tous les personnages inutiles. Qui a dit que les dieux étaient utiles ?
Depuis toujours, Loki a cherché des moyens de combattre son frère. Malheureusement il a toujours été contré par son marteau d’Uru, Mjolnir. Cette botte secrète de Thor, Loki a trouvé le moyen de la contrer : il a retrouvé la forge dans laquelle le marteau a été conçu. Il se lance alors dans la production de nombreuses répliques, moins puissantes certes, mais largement suffisantes grâce à leur nombre. Ces marteaux, Loki va les donner à ses alliés pour renverser pour de bon Asgard et provoquer Ragnarok, le crépuscule des dieux. Mais cette fois-ci, il réussit. Et pour cause, il a un allié de poids : Thor.
Thor réalise lors de son combat contre Loki que les dieux ne sont que des jouets dans les mains de forces supérieures, qui sont aux dieux ce que les ases sont aux humain. Ceux qui siègent dans les ombres. Ragnarok n’est pas la fin de tout. En fait, Ragnarok s’est déjà produit à de nombreuses reprises. A chaque crépuscule, les êtres qui siègent dans les ombres on créé une nouvelle aurore, réanimant les dieux pour les divertir et les nourrir par leurs luttes incessantes.
La fusion de la puissance d’Odin et de l’humanité de Donald Blake en Thor l’amène à réaliser la situation, la sagesse d’Odin qui les a amenés jusqu’à ce moment fatidique. Révolté contre les êtres supérieurs qui se nourrissent de Ragnarok, Thor décide d’en finir en provoquant lui-même la grande bataille finale. Mais plutôt que de repartir pour un tour, il coupe toute possibilité de recréer un nouveau cycle, et amène dans sa mort tout son panthéon avec lui. Désormais, les ases ne sont plus. Ils ont rejoint la mythologie.
La fin de la série n’est pas qu’un simple arrêt de publication. C’est le point final de plus de quarante ans d’histoire. Non seulement Oeming referme la porte, mais en plus il rase la maison au bulldozer de sorte que tout soit bien terminé. Plus d’Asgard, plus de dieux, c’est fini pour de bon. Un vrai tour de force chez Marvel.
Cette saga épique est un moment historique. Passée presque inaperçue à côté du crossover Avengers Disassembled avec lequel elle a peu de rapports, c’est un petit bijou. A la fois belle, intelligente, documentée et pertinente. Sa sortie en français est l’occasion pour tous les lecteurs francophones de se plonger dans ce qui est le champ du cygne du dieu du Tonnerre. A ne surtout pas rater.